Artisanat marocain de Marrakech

Artisanat marocain de Marrakech présente le savoir-faire des artisans marocains à Marrakech et ses environs.

Les pistes caravanières du commerce transsaharien

Le Maroc occupe une situation géographique stratégique résultant de son positionnement au nord-ouest de l'Afrique. Les cotes du Maroc donnent accès à la fois à l'océan atlantique sur la façade marocaine occidentale, et à la mer méditerranée sur la façade septentrionale.

Cette spécificité géographique a placé très tôt le Maroc au cœur du développement du commerce maritime entre les rives nord et sud de la méditerranée dès le Moyen-âge. Les marchandises, en provenance d'Afrique de l'ouest, avaient franchi au préalable le désert du Sahara, avant de transiter sur le sol marocain via Marrakech.

Tableau Essaouira
Port d'Essaouira, peinture à l'huile - © Olivier de Lannoy

Sous les Berbères Almoravides au XIe siècle, les ports de commerce de Essaouira, de Souira-kédima et de Safi réceptionnaient des marchandises du commerce transsaharien passées par Aghmat-Ourika, puis plus tard par Marrakech. Les bateaux de commerce appareillaient puis longeaient les cotes marocaines à destination des ports de Barcelone, Marseille ou Gènes.

Il s'agit de l'un des itinéraires des anciennes routes commerciales qui traversaient alors le Maroc. Le commerce à travers le Sahara, puis les pistes marocaines, était organisé notamment autour de l'or et de l'ivoire provenant d'Afrique de l'ouest (1). Ce commerce lucratif est né sous l'occupation romaine du Maghreb, dont celle du territoire marocain, et s'est développé tout au long du Moyen-âge.

L'Afrique de l'ouest présentait alors un intérêt économique de tout premier plan pour l'Europe médiévale et le Maghreb en raison de ses richesses. L'or, de même que l'ivoire, provenait des régions correspondant, entre autres, aux pays actuels du Ghana, de la Côte-d'ivoire, du Mali ou du Niger.

Ces régions de l'Afrique de l'ouest ne pouvaient être accessibles, depuis le Nord, qu'en traversant le désert du Sahara. Rappelons que le commerce maritime dans l'océan atlantique n'est apparu qu'à la fin du XVe siècle. Le Sahara est à considérer, au début du Moyen-âge, comme une immense superficie inaccessible et totalement inconnue des Européens. Seuls les récits des Berbères portaient à l'Europe la connaissance de fabuleux royaumes africains.

L'existence de certaines richissimes cités, comme Nouakchott, Sijilmassa ou Tombouctou, nourrissait l'imaginaire collectif en Europe occidentale. Mais aucun européen n'avait jamais pu observer de ses propres yeux ces cités africaines légendaires. Il faudra attendre l'année 1828 pour voir un non-musulman arpenter le Sahara, lors du périple à Tombouctou de René Caillié. Mais ce dernier fut plutôt déçu par la vieille cité malienne. Celle-ci avait depuis longtemps perdu son lustre d'antan.

Marché aux chameaux de Nouakchott
Marché aux chameaux à Nouakchott, Mauritanie

Le commerce entre l’Afrique sub-saharienne et le Maghreb remonte traditionnellement à l'époque pré-islamique. C'est peu dire, puisque le Sahara a été, depuis tout temps, le lieu d'une intense activité. Les Berbères ont connu le Sahara humide, à une époque reculée. Leurs ancêtres parcouraient alors une région humide, cultivée et disposant d'immenses lacs.

Avec le lent processus de réchauffement climatique, initié il y a plus de 20 000 ans, ils ont observé et subi la désertification progressive du Sahara. Le Sahara , devenu cette région aride et inhospitalière il y a environ 3000 ans, s'est dressé comme une barrière naturelle freinant les échanges nord-sud. Traverser le désert du Sahara imposait de franchir des dunes et des paysages arides sur plus de 2000 kilomètres.

La disparition des lacs du Sahara, dont l'immense lac Tchad, dont il ne reste aujourd'hui qu'une infime portion, a eu des répercussions directes sur les échanges. Des voies anciennes de communication ont disparu sous le sable. D'autres se sont déplacées à l'Est ou à l'Ouest. Les échanges commerciaux ancestraux entre le Maghreb et l'Afrique noire auraient même pu s'interrompre définitivement. La mémoire du mystérieux Sahara verdoyant allait-elle s'effacer à tout jamais ?

Chott el-Jérid, Tunisie
Chott El-Jérid, Tunisie

C'était sans compter sur l’opiniâtreté ni sur le caractère intrépide et aventurier des Berbères du Sahara. Répartis géographiquement au Maroc, en Algérie, comme en Mauritanie, au Mali et au Niger, les Berbères nomades de la partie ouest du Sahara n'ont pas hésité à poursuivre leurs itinéraires à travers ce désert brûlé par le soleil.

Sur une période couvrant plusieurs millénaires, les Berbères du Sahara ont été les maîtres incontestés du transport de marchandises, depuis l'Afrique noire vers le Maghreb, et au-delà vers l'Europe du Sud. Ils sont à l'origine des pistes caravanières du commerce transsaharien. Ce monopôle des Berbères s'est échelonné sur plus de 3000 ans. Il ne prendra fin qu'aux alentours du XVe siècle, et l'avènement du commerce maritime transatlantique.

On lui doit la création de la cité de Marrakech, en 1062, idéalement positionnée à un carrefour de routes commerciales remontant du Sahara. Les caravanes des Berbères provenaient de Tombouctou, via Zagora, ou de l'actuelle Mauritanie. Elles avaient franchi le désert du Sahara, gravi les pentes du massif du Haut-Atlas, longé ses vallées creusées dans la roche, pour enfin déboucher sur les plaines atlantiques du Maroc.

Un repos bien mérité attendait ces courageux nomades berbères à Aghmat-Ourika, dominée par les Berbères Almoravides. Ces derniers allaient peu à peu délaisser la cité d'Aghmat pour sa voisine devenue plus prospère. Si la vieille cité d'Aghmat s'est éteinte, dont il ne reste aujourd'hui que des ruines, elle a engendré la naissance de la célèbre cite ocre et de sa mosquée, la Koutoubia, il y a près de 1000 ans. Marrakech, créée à l'initiative des Berbères Almoravides, est la dernière cité née du commerce transsaharien.

À suivre ...

Sources

1 - Sam Nixon, « Tadmekka. Archéologie d’une ville caravanière des premiers temps du commerce transsaharien », Afriques [En ligne], 04 | 2013, mis en ligne le 23 mai 2013, consulté le 20 mars 2018. URL : http://journals.openedition.org/afriques/1237 ; DOI: 10.4000/afriques.1237

Crédit photos

- galerie-creation.com, Tableau Essaouira, © Olivier de Lannoy

- Nouakchott camel market, via Wikimedia Commons

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