Artisanat marocain de Marrakech

Artisanat marocain de Marrakech présente le savoir-faire des artisans marocains à Marrakech et ses environs.

La symbolique de l'éléphant chez les Berbères

L'éléphant a été présent en Afrique du Nord en abondance jusqu'aux premiers siècles de l'ère chrétienne. Les troupeaux, constitués de nombreux individus, étaient signalés dans les plaines du Maroc bordant l'océan atlantique dès avant l'époque romaine.

Pièce de monnaie berbère de MassinissaOn retrouve son effigie sur de nombreuses gravures rupestres de la chaine de l'Atlas, mais aussi sous forme de statuettes. L'éléphant est également représenté sur les pièces de monnaie berbères remontant à l'époque du roi berbère Massinissa (Photo ci-contre).

Massinissa (238 av. J.-C. - 148 av. J.-C.) était un roi berbère qui régna sur le royaume berbère de Numidie, au nord de l'Algérie, de 202 av. J.-C. à sa mort en 148 av. J.-C., proche des romains et réputé pour sa cavalerie légère.

Dans son livre de numismatique dédié aux monnaies de l'Afrique antique de 400 av. J.-C. à 40 ap. J.-C., Jacques Alexandropoulos relève la fréquence des représentations d'animaux, signalant notamment le lion et l’éléphant (1).

Il pose la question de savoir si les animaux figurant sur les pièces de monnaie symbolisent simplement l'Afrique ou sont rattachés à des divinités. L'auteur rappelle le culte solaire lié au lion et la longévité emblématique de l'éléphant qui pourrait l'avoir identifié à un dieu du temps en Berbérie.

Le symbole de l'éléphant figure bien sur les différentes représentations de la reine berbère Ifri, appelé plus tard la reine Africa par les Romains, et qui donna son nom à l'Afrique lors de l'occupation romaine du Maghreb. (Lire l'article L'éléphant de la reine berbère Africa)

L'éléphant est le plus gros animal terrestre, avec environ trois mètres de hauteur, craint en Afrique pour ses charges redoutables lorsqu'il est en colère. Sa puissance et le caractère agressif de certains mâles ont été utilisés en Afrique du nord pour en faire des éléphants de combat. Les mâles agités les plus agressifs étaient capturés puis domestiqués pour constitués des corps d'armée particulièrement efficaces lors des charges et des combats rapprochés.


Éléphants de l'armée carthaginoise
Charges des éléphants des troupes carthaginoises contre l'armée romaine lors de la bataille de Zama en 202 av. J.-C.

Le dessin ci-dessus, réalisé vers 1890, illustre la puissance des éléphants dressés au combat lors de la bataille de Zama. Cet affrontement eu lieu en 202 av. J.-C. et opposa les armées romaines à celles des Carthaginois au nord-ouest de l'actuelle Tunisie.

Lors de cette bataille célèbre dans l'histoire des guerres du pourtour méditerranéen, les troupes carthaginoises étaient dirigées par le général carthaginois Hannibal Barca allié au roi berbère Syphax.


Hannibal traversant le Rhône
Hannibal et ses éléphants traversant le Rhône à Caderousse, au nord d'Avignon

Hannibal avait entrepris la traversée des Alpes avec ses éléphants seize années plus tôt, en 218 av. J.-C., dans le but de prendre Rome. Ce n'est qu'après une décennie passée en Italie, sans parvenir à entrer dans Rome, que le général carthaginois rejoignit l'Afrique du Nord. Il fut alors défait par les armées romaines en Tunisie à la bataille de Zama.

Bien que les Carthaginois ont massivement utilisé les éléphants afin de mener des guerres, l'usage des éléphants de guerre ne semble pas avoir été répandu chez les Berbères. On l'a vu, le roi berbère Massinissa était réputé pour sa cavalerie légère de chevaux, dont la tactique de guerre consistait à encercler l'ennemi en le harcelant avec des javelots et des flèches. La cavalerie se repliait ensuite sur des hauteurs afin d'attirer l'armée ennemie sur un terrais moins favorable.

Cette tactique n'est pas sans rappeler celle en vigueur chez les indiens d'Amérique. L'usage des éléphants semblaient plutôt destinée aux transport d'hommes et de marchandises chez les Berbères. Ce serait peut-être davantage la stature de cet animal et son impression de puissance qui aurait prévalu chez les Berbères, plutôt que son potentiel guerrier.

Fleuve Moulouya, Maroc
Embouchure du fleuve Moulouya sur la Méditerranée, nord-est du Maroc

S'appuyant sur les gravures rupestres de la région oranaise et de la région marocaine de Oujda, datées de l'époque néolithique, Léonce Joleaud (1880 - 1938), paléontologue et ancien professeur à la Faculté des sciences de l'Université de Paris, tente d'expliquer les légendes berbères et notamment l'importance des éléphants dans les légendes de la Maurétanie (Maroc actuel).

Dans son ouvrage paru en 1934, le paléontologue livre une analyse des traditions populaires berbères dans l'antiquité pré-punique au Maroc et en Algérie (2).

Citant Pline l'ancien, Léonce Joleaud décrit la présence de troupeaux d'éléphants au nord-est du Maroc, en bordure de la méditerranée, aux abords de l'embouchure du fleuve marocain Moulouya. Pline l'ancien détaillait un rituel des éléphants qui descendaient des forêts de l'Atlas marocain à la pleine lune. Ces animaux venaient s'asperger d'eau dans le fleuve Amilus, un affluent de la Moulouya.

Le mouvement de bas en haut de la trompe des éléphants leur sert à s'arroser le corps d'eau, les faisant ressembler à des êtres pratiquant un rituel. Pline l'ancien évoque alors un acte de purification des éléphants par des ablutions solennelles.

À suivre …

Sources

1 - Les monnaies de l'Afrique antique: 400 av. J.-C.-40 ap. J.-C., Jacques Alexandropoulos, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 2001, page 183

2 - Gravures rupestres et rites de l'eau en Afrique du Nord, Léonce Joleaud, Journal de la Société des Africanistes, Année 1934, Volume 4, Numéro 2, pp. 285-302

Crédit photos

- Monnaie berbère de Massinissa

- Schlacht bei Zama Gemälde H P Motte, via commons.wikimedia.org

- Hannibal traverse le Rhône, Henri Motte 1878, via commons.wikimedia.org

- Moulouya Marocco, via commons.wikimedia.org

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